Je sais, je sais. Décrypter le discours du chef du gouvernement deux semaines en retard, c'est pas sérieux! Pourquoi ce retard ? J'avais 2 saisons de retard sur Southpark sans compter la nouvelle saison de The Walking Dead (Negan est sérieusement flippant, non ?) Bref, il vaut mieux trop tard que jamais. Ou peut-être pas :)
Sans doutes, il y a du nouveau côté com. gouvernementale. Sans être une révolutionnaire sous le soleil, le discours du 14 janvier est intéressant à mon sens parce qu'il révèlent plusieurs éléments d'un virage serré. On décrypte :
L'IMAGE : composition et com. non verbale
D'abord, l'image, et l'image était incontestablement la grande nouveauté dans les discours gouvernementaux.
Loin du cadre officiel des palais, le choix du lieu était à mon sens intéressant : l'IPEST, l'école qui prépare les ingénieurs d'élite. Le thème de la jeunesse en tant que valeur révolutionnaire puis comme valeur du développement économique a été largement usé par la classe politique, au point que cette catégorie politique ait été complètement vidée de sens. Le mot a été dévitalisé, un peu à la manière du mot "révolution". Le temps des discours - ancrés sur les mots- est terminé. Nous sommes à l'ère des discours ancrés sur les images. Parler des jeunes, c'est bien, les montrer c'est encore mieux. Des jeunes derrière le Prems, des jeunes devant, des jeunes partout. La représentation des jeunes à l'image est le premier bon point pour le Prems.
Mais ce qui suit est encore plus intéressant parce que ça œuvre dans la subtilité de l'image et du message. Ça peut sembler anodin, mais le respect de la Gender Balance filles-garçons derrière le Prems est révolutionnaire dans nos contrées. Combien de fois avons-nous consommé des images politiques ou les femmes était totalement absente ? La représentation équitable des femmes à l'image est le quatrième bon point.
L'IMAGE : composition et com. non verbale
D'abord, l'image, et l'image était incontestablement la grande nouveauté dans les discours gouvernementaux.
Loin du cadre officiel des palais, le choix du lieu était à mon sens intéressant : l'IPEST, l'école qui prépare les ingénieurs d'élite. Le thème de la jeunesse en tant que valeur révolutionnaire puis comme valeur du développement économique a été largement usé par la classe politique, au point que cette catégorie politique ait été complètement vidée de sens. Le mot a été dévitalisé, un peu à la manière du mot "révolution". Le temps des discours - ancrés sur les mots- est terminé. Nous sommes à l'ère des discours ancrés sur les images. Parler des jeunes, c'est bien, les montrer c'est encore mieux. Des jeunes derrière le Prems, des jeunes devant, des jeunes partout. La représentation des jeunes à l'image est le premier bon point pour le Prems.
Le deuxième bon point concerne la représentation des régions. En réalité, 50% des étudiants de l'IPEST sont issus des gouvernorats "intérieurs". Dans notre drame sociale qui souffre du mépris de classe d'un côté et de la jalousie de classe de l'autre sur fond de régionalisme, c'était très très bien joué de la part de l'équipe du Prems de jouer cette carte.
Mais est-ce tout ce qu'il y avait à voir ? Bien entendu, le choix de la salle du martyr Hatem Ben Tahar accentue l'aspect commémoratif de l'évènement. N'oublions pas que nous sommes le 14 janvier et qu'il fallait bien marquer le discours dans la commémoration sans tomber dans le verbiage "3id al thawra al majida wal moubaraka" avec une partie de l'opinion publique de plus en plus réactionnaire envers tout ce qui est révolutionnaire. La représentation des martyrs est le troisième bon point.
Mais ce qui suit est encore plus intéressant parce que ça œuvre dans la subtilité de l'image et du message. Ça peut sembler anodin, mais le respect de la Gender Balance filles-garçons derrière le Prems est révolutionnaire dans nos contrées. Combien de fois avons-nous consommé des images politiques ou les femmes était totalement absente ? La représentation équitable des femmes à l'image est le quatrième bon point.
Le cinquième bon point concernant la représentation des minorités dans un contexte racialement tendu en Tunisie. Réfléchissez-y bien, mais nos concitoyens noirs sont banni de l'espace publique médiatique et politique...Connaissez-vous un(e) député(e) noir ? Un(e) ministre noir(e) ? Un animateur/trice TV noir(e) ? La représentation des minorités dans l'espace publique est une manière de rendre justice à la diversité de notre communauté de citoyens.
Le sixième bon point concerne l'axe de proximité. Contrairement à la tradition tiers-mondiste ou tous les officiels ont droit de siège au premier rang et le reste du monde derrière. A l'image, nous découvrons que tous les ministres sont assis parmi le public sans privilège de siège.
Min. Iyed Dhamani & Sec. Etat Sayda Ounissi |
Et l'image, c'est la communication non verbale. Là, j'ai trouvé le Prems à l'aise. Nettement plus naturel que lors de ces précédents discours avec la cravate en moins. C'est toujours risqué de laisser tomber la cravate, mais sur coup-là, ça a fonctionné, mais pourquoi ? Haha ! C'est simple, la costard, la cravate et tout l'attirail de l'homme moderne est une construction sociale relative. Je sais, je sais c'est barbant et pompeux comme expression. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il reste officiel parce que les jeunes derrière lieu contrastent avec leur look de tous les jours. A contrario, si les jeunes derrière étaient en costard trois pièces, ça n'aurait pas fonctionné.
LES MOTS : la sémantique et le vocabulaire
Sur le verbal, je suis un peu resté sur ma faim. Du coup, j'ai dévoré sa7ftine lablebi et deux discours de Gamel Abdennaser avant de dormir. Pourquoi sur ma faim je suis resté ? Dans les détails :
Sur la forme
D'abord, la longueur du discours : 38 minutes. 38 minutes, c'est long, très long. Je te vois venir et protester :" mais Obama fait des discours de 45 mn ! Luther King de 42 mn! Wou kadha". Je dis pas le contraire, mais pour accrocher l'attention sur une durée qui dépasse les 15 minutes, le discours doit être super méga béton les zamis et blindés de déclencheurs émotionnels. Un discours aussi long, pour fonctionner, il doit nous faire vivre les 7 émotions universelles: surprise, joie, tristesse, dégoût, mépris, peur, colère. Et sincèrement, c'est toujours un sacré défi même pour les plus aguerri des maîtres-plume !
Mais le recours plus généreux - mais toujours insuffisant- à notre derja rend le discours plus intelligible, plus naturel.
Dans le fond
Le Prems entame bien son discours avec un trait d'humour. C'est toujours bon de commencer par un trait d'humour, des oreilles détendues sont mieux prêtes à écouter ce que l'on a à dire.
Une fois les oreilles prêtes, le Prems nous présente un discours programmatif. Un discours qui ressemble beaucoup à son discours d'investiture devant l'ARP. Un discours d'intentions...
Mais POURQUOI !!! POURQUOIIIIII!!! Pourquoi un discours programmatif alors que l'enjeu était un discours commémoratif. Loumadha!!!
Le Prems pouvait livrer un discours programmatif sans sacrifier ce rendez-vous annuel pourtant !
C'est une occasion ratée. Les dates symboliques sont une occasion rêvée pour inspirer les citoyens et gagner des points capital-sympathie.
Si le discours s'est écroulé au fil du temps à cause de la technicité et du manque dans son architecture et de clarté dans les messages, il délivre néanmoins un message fort : la fin du Welfare State, l'enterrement de l’État providence.
Nous sommes très loin des discours -farfelus- post 14 janvier et pré-élections ou les uns et les autres surenchérissaient sur le rôle de l'état comme entreprise de service socio-économiques All Inclusive.
Les réformes de libéralisation et le libéralisme se taillent la part du lion du discours avec 30 minutes autour de :
L'OpenSky, de la restructuration des entreprises publiques (privatiser), de gouvernance des terres agricoles domaniales, de promotion l'investissement privée, de la restructuration du sectaire bancaire en fusionnant les banques publiques, de l’archaïsme de l'administration "Ottomane", de la méritocratie, de corruption, de l'enterrement de l'over-staffing dans la fonction publique et de l'âge de la retraite qui reculera pour équilibrer les caisses sociales.
En gros, c'est un discours nettement plus libéral qui se calerai mieux sur le programme d'Afek Tounes dans l'échiquier politique et que celui de Nidaa Tounes.
Le thème jeunesse quant-à- lui, est relégué à la fin et n'a droit qu'à 1m30. Pareil pour l'agriculture pourtant annoncée comme le pilier de l'économie tunisienne dans le discours du Prems. C'est tout de même dissonant : quand un thème est important, on commence par lui et on lui donne plus de temps. Là, ça ne fonctionne pas. C'est comme dire à votre meilleur pote qu'il est votre meilleur pote mais que vous passez plus de temps avec des copains de second rang. Réfléchissez-y bien! C'est Fait ? Maintenant, appelez votre meilleur pote et excusez-vous!
En conclusion (j'ai encore 8 pages d'analyse, mais sérieusement, j'ai super faim, du coup j'arrête-là et je vais m'engloutir s7an marqet khodhra, dizouli!!!).
Je disais donc, en conclusion, après 23 ans de discours fictionnel bénaliste et 6 ans de discours fictionnel révolutionnaire, nous entrons - peut-être - dans l'ère du discours réaliste.
Sur le verbal, je suis un peu resté sur ma faim. Du coup, j'ai dévoré sa7ftine lablebi et deux discours de Gamel Abdennaser avant de dormir. Pourquoi sur ma faim je suis resté ? Dans les détails :
Sur la forme
D'abord, la longueur du discours : 38 minutes. 38 minutes, c'est long, très long. Je te vois venir et protester :" mais Obama fait des discours de 45 mn ! Luther King de 42 mn! Wou kadha". Je dis pas le contraire, mais pour accrocher l'attention sur une durée qui dépasse les 15 minutes, le discours doit être super méga béton les zamis et blindés de déclencheurs émotionnels. Un discours aussi long, pour fonctionner, il doit nous faire vivre les 7 émotions universelles: surprise, joie, tristesse, dégoût, mépris, peur, colère. Et sincèrement, c'est toujours un sacré défi même pour les plus aguerri des maîtres-plume !
Mais le recours plus généreux - mais toujours insuffisant- à notre derja rend le discours plus intelligible, plus naturel.
Dans le fond
Le Prems entame bien son discours avec un trait d'humour. C'est toujours bon de commencer par un trait d'humour, des oreilles détendues sont mieux prêtes à écouter ce que l'on a à dire.
Une fois les oreilles prêtes, le Prems nous présente un discours programmatif. Un discours qui ressemble beaucoup à son discours d'investiture devant l'ARP. Un discours d'intentions...
Mais POURQUOI !!! POURQUOIIIIII!!! Pourquoi un discours programmatif alors que l'enjeu était un discours commémoratif. Loumadha!!!
Le Prems pouvait livrer un discours programmatif sans sacrifier ce rendez-vous annuel pourtant !
C'est une occasion ratée. Les dates symboliques sont une occasion rêvée pour inspirer les citoyens et gagner des points capital-sympathie.
Si le discours s'est écroulé au fil du temps à cause de la technicité et du manque dans son architecture et de clarté dans les messages, il délivre néanmoins un message fort : la fin du Welfare State, l'enterrement de l’État providence.
Nous sommes très loin des discours -farfelus- post 14 janvier et pré-élections ou les uns et les autres surenchérissaient sur le rôle de l'état comme entreprise de service socio-économiques All Inclusive.
Les réformes de libéralisation et le libéralisme se taillent la part du lion du discours avec 30 minutes autour de :
L'OpenSky, de la restructuration des entreprises publiques (privatiser), de gouvernance des terres agricoles domaniales, de promotion l'investissement privée, de la restructuration du sectaire bancaire en fusionnant les banques publiques, de l’archaïsme de l'administration "Ottomane", de la méritocratie, de corruption, de l'enterrement de l'over-staffing dans la fonction publique et de l'âge de la retraite qui reculera pour équilibrer les caisses sociales.
En gros, c'est un discours nettement plus libéral qui se calerai mieux sur le programme d'Afek Tounes dans l'échiquier politique et que celui de Nidaa Tounes.
Le thème jeunesse quant-à- lui, est relégué à la fin et n'a droit qu'à 1m30. Pareil pour l'agriculture pourtant annoncée comme le pilier de l'économie tunisienne dans le discours du Prems. C'est tout de même dissonant : quand un thème est important, on commence par lui et on lui donne plus de temps. Là, ça ne fonctionne pas. C'est comme dire à votre meilleur pote qu'il est votre meilleur pote mais que vous passez plus de temps avec des copains de second rang. Réfléchissez-y bien! C'est Fait ? Maintenant, appelez votre meilleur pote et excusez-vous!
En conclusion (j'ai encore 8 pages d'analyse, mais sérieusement, j'ai super faim, du coup j'arrête-là et je vais m'engloutir s7an marqet khodhra, dizouli!!!).
Je disais donc, en conclusion, après 23 ans de discours fictionnel bénaliste et 6 ans de discours fictionnel révolutionnaire, nous entrons - peut-être - dans l'ère du discours réaliste.